PATRIOTE DIEUZOIS
Le 26 Août 1883, naît à Dieuze Pierre Jacquot,
l'Alsace-Lorraine sont alors annexées par l'Allemagne depuis 1871. Le
jeune Pierre, bien qu'éduqué par des enseignants allemands, fait preuve
dès son plus jeune âge, d'un attachement viscéral à la France.
La situation internationale se dégrade de plus en plus, Pierre Jacquot prend conscience qu'il est de son devoir de se mettre au service de la France, même au mépris de sa sécurité. Dés 1911 alerté par les mouvements insolites de troupes, le déploiement de manoeuvres, l'apparition d'armes nouvelles aux mains des troupes allemandes, Pierre Jacquot s'offre spontanément pour renseigner l'autorité militaire française. Coiffeur, tenant boutique sur la place de la Saline, il est bien placé pour savoir ce qui se passe dans les casernes dieuzoises.
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Dessin réalisé en captivité le 16-06-1916 |
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Les officiers et sous officiers de la garnison
fréquentent son salon de coiffure, c'est un endroit privilégié pour
établir des contacts, parler de choses et d'autres tout en se renseignant
sur les allées et venues, s'inquiéter des absences inopinées des
clients, l'oreille toujours aux aguets.
On ne se méfie pas de lui. Il communique directement les renseignements glanés à Grallmann commissaire spécial du poste frontière de Moncel où il se rend à pied à travers bois. Quand il s'aperçoit que ses allers et venues risquent de compromettre ses actions, il trouve auprès d'Emile Lallement une aide précieuse, celui-ci mécanicien à Dieuze est le gars rêvé pour assurer les liaisons. Sa profession le conduit tout naturellement dans les villages où il cherche de l'ouvrage, ainsi il peut s'approcher de la zone frontalière sans éveiller trop de soupçons. Schwartz Paoli, un Alsacien de naissance, s'est mis au service des Allemands. Il est chargé de retrouver l'auteur des fuites militaires et ses complices. Schwartz se présente comme professeur de musique et propose de donner des leçons.
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Juillet 1914, les bruits de guerre se répandent partout.
Les casernes débordent d'activité, les tensions entre les Lorrains et
les troupes allemandes sont de plus en plus perceptibles. Pierre Jacquot
et Emile Lallement redoublent d'ardeur, leurs déplacements jusqu'à la
frontière sont presque quotidiens.
Le 30 juillet, Jacquot rédige un message que Lallement transporte immédiatement à Moncel. Tous deux ne se doutent pas que se sera le dernier. Le 31 au petit matin, la police militaire conduite par Schwartz, se présente aux domiciles des deux patriotes. Arrêtés ils sont conduits dés le lendemain au camp de Bitche où ils sont séparés et enfermés. Commence alors un long périple qui les conduira à la prison de Strasbourg d'abord. Là, à sa grande surprise Jacquot est incorporé de force dans l'armée allemande, cette mesure ne durera que du 26 septembre au 6 décembre 1914, jour où au Fort de Kirchback (Grand Duché de Bade) il est arrêté une nouvelle fois. On l'accuse d'espionnage et trahison de secrets militaires, ce que nie P. Jacquot devant le tribunal militaire de Strasbourg. Il est envoyé ensuite devant le tribunal supérieur de l'Empire de Leizig, le 13 juillet 1916 il est condamné à 5 ans de travaux forcés et est enfermé à la forteresse de Brandebourg. Il y restera jusqu'à l'armistice de novambre 1918.
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salon
de coiffure de P Jacquot place
de la Saline |
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Par suite des privations et mauvais traitements
endurés, Pierre Jacquot est très affaibli et fort longtemps sa famille
craint une issue fatale et ne se remettra jamais entièrement de sa
captivité .
Schwartz Paol sera condamné en 1921 aux travaux forcés. Ruiné par la maladie et les mauvais traitements P. Jacquot ne peut poursuivre son métier de coiffeur et trouve un emploi à l'usine de gaz de Dieuze. De sa captivité P. Jacquot a laissé des notes qui témoignent d'une grande culture, il pratique aussi bien la langue allemande que la langue française. Malgré les conditions matérielles terribles supportées à la forteresse de Brandebourg, P. Jacquot a gardé le sens de l'humour, il note par exemple : "27 juin, pluie et froid, aujourd'hui jour sans viande, mais pas pour nous en prison, j'ai trouvé neuf cafards vivants dans mes biscottes" Très affecté par la mort, 3 mois avant son arrestation, de son fils Napoléon âgé de ans, Pierre Jacquot lui dédie des vers très émouvants. Il écrit de même, à la mémoire de sa mère. D'autres pages, par contre, témoignent de son attachement à Dieuze où il est né et où reposent ses aïeux. "Je dédie ces notes de ma détention politique à mon fils" : HALBUTERIE Des pâquerettes, petites et fines, Voilà ce que voulait mon petit garçon des fleurs pour maman et pour moi seulement des calices effeuillés, autour n'est que deuil. Au bord de la tombe nous pleurions
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MON PAYS
Sous les saules centenaires Au bord de al Sille J'aime à respirer l'air Embaumée à merveille
C'est le Pays Lorrain De vieux sol gaulois C'est le contrée du vin Et des jolies minois.
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Accusation protées par les Allemands à l'encontre de Pierre Jacquot 1910 : à baptisé son fils Napoléon pour empêcher la germanisation de son prénom. 1912 : en dépit des interdictions a arboré le drapeau français 1913 : en relation avec Zislin, le rédacteur de Dur's Elsass, a propagé ce journal à Dieuze, Insviller, Fribourg, Lezey... 1914 : Avoir envoyé une lettre de soutien à Hansi (dessinateur Alsacien patriote) dans sa prison de Mulhouse en lui attribuant le titre de "Second Edmond About" pour son attachement à la France. mars 1914 : à fait parvenir un article à l'Est Républicain paur sous le titre "Dieuze, petite ville plus que française". Avril 1914 : a enseveli son fils Napoléon (2 juin 1910 - 24 avril 1914) dans le drapeau français. Avoir transmis des renseignements aux autorités Françaises concernant les garnisons de Dieuze, Morhange et Sarrebourg.
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Pierre Jacquot, un
palmarès hors du commun
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30 juillet 1914 / 01 août 1914 | Prison militaire de Dieuze | |
01 août 1914 / 16 septembre 1914 | Fort de Bitche | |
01 septembre 1914 / 26 septembre 1914 | Prison de Strasbourg | |
26 septembre 1914 / 6 décembre 1914 | Militaire armée allemande | |
06 décembre 1914 | Arrêté et interné au fort de Kirbach (Bade) pour espionnage et trahison de secret militaire | |
06 décembre 1914 / 06 janvier 1915 | Prison militaire de Strasbourg | |
06 janvier 1915 | Conseil de guerre et renvoyé faute de preuves devant le tribunal de l'Empire de Leipzig | |
06 janvier 1915 / 29 janvier 1915 | Prison de Strasbourg | |
29 janvier 1915 / 28 avril 1916 | Prison de Metz | |
28 avril 1916 / 13 juillet 1916 | Prison de Leipzig | |
14-15 juillet 1916 | Condamné à 5 ans de réclusion à la forteresse de Brandebourg | |
Libéré le 25 novembre 1918
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Pour services rendus à la France Pierre
Jacquot est décoré de la médaille de la Fidélité Française, 4
étoiles de la médaille des Otages et de l'Internement. Son nomfigure
dans le livre d'or du Souvenir Français Lorraine - Alsace - Lorraine
Sarroise - Luxembourg édition 1929, au chapitre des Déportés et
internés Politiques Lorrains et Alsaciens.
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Pierre Jacquot décède à Dieuze, le 8 février 1967, à l'âge de 84 ans. |